Après un premier ermite au 12e siècle, le Mons Dei fut investi vers 1202 par une petite colonie de religieux de l'ordre de Saint Norbert venue de la Lucerne d'Outre-Mer. Ces chanoines réguliers,
appelés les Prémontrés, avaient une double mission : l'apostolat auprès des fidèles des paroisses et l'Office divin, avec une liturgie propre. A cette époque, l'Ordre rassemblait plus de six cents
maisons d'hommes et de femmes, regroupées en circaries, de l'Ecosse à l'Italie, de Bretagne à la Palestine.
L'abbaye resta longtemps modeste, subissant l'insécurité des Normands pendant la guerre de Cent Ans, puis les guerres de Religion. Ce n'est qu'après sa restauration en 1570, qu'elle connut la
prospérité.
Une deuxième vague importante de travaux débuta en 1706, sous l'impulsion du sous–prieur Eustache Restout. L'église Saint Martin, les bâtiments conventuels et la ferme datent de cette période.
Architecte mais aussi artiste, Eustache Restout est l'auteur des peintures et du dessin des boiseries du chœur. Il fit édifier une église traditionnelle, en forme de croix, moderne en son décor, tout
en conservant les éléments gothiques anciens. Architecture, peintures, boiseries et mobilier liturgique forment un ensemble d'une rare unité de style. Au-dessus de l'autel, la coupole est une copie
de celle de la chapelle (disparue) du château de Sceaux, peinte par Charles Le Brun. L'orgue, daté de 1741, est l'œuvre du facteur lorrain Claude Parisot, et son buffet sculpté du flamand Melchior
Verly. Restauré en 1965, puis en 2004, il fut le premier élément, avec les peintures murales, à être classé aux Monuments historiques, suivi de l'église abbatiale, les bâtiments conventuels, le
pavillon d'entrée et les boiseries en 1947, et de l'aile Sud en 1999.
La communauté des Prémontrés a racheté en 2007 le bâtiment agricole du 18e siècle, qui avait été vendu comme Bien national à la Révolution. La partie la plus remarquable est le porche, dont les
grandes portes sont dans l'axe du portail de l'église. Cette entrée naturelle de l'abbaye a été murée il y a deux siècles. Le pavillon d'entrée, le pressoir et la grange à dîmes, au-delà de leur
utilité, témoignent d'un véritable souci esthétique.
|
|
|